Je vous livre un petit bout d’histoire, habitée par des hommes et des femmes au visage rude et à l’âme aimante, qui veillent sur nous et nos rêves de hier et d’aujourd’hui…
“C’est un petit pays discret, au cœur de la France, au sud de la Bourgogne. Un écrin vert tapis d’herbe drue, incliné en pente douce, des monts du Beaujolais, au levant, jusqu’au monts de la Madeleine, au couchant, dans les méandres de la Loire. C’est un havre de tranquillité, quelque part dans le bocage, au sud de Digoin, et au nord de Roanne, à l’ouest de Mâcon et à l’est de Vichy. C’est un jardin piqué de clochers Romans en pierres blondes, vigies signalant au loin de petit bourgs couverts de toits d’écaille ou de tuiles rouges.”(Guy Leduc, Semur et le Brionnais, ed. V-art)
Habité depuis la préhistoire, les Romains y avait installé une colonie, et partagé les terres entre les vétérans de l’armée (selon une hypothèse du linguiste Mario Rossi).
Le début de la viticulture daterait alors peut être de cette époque-là.
Mais une chose est sûre, en 1055, lors de la fondation du Prieuré de Marcigny par St. Hugues, plusieurs documents écrits rapportent des donations des différentes parcelles de vigne à l’Église, témoignant que la viticulture était déjà bien pratiquée sur le territoire.
Dès le Moyen Age, le vin du Brionnais remontait la Loire en bateau et en gabare, jusqu’à Orléans et Nantes, et puis surtout jusqu’à Paris grâce au canal de Briare ouvert en 1642.
A partir du XIX siècle on utilisa les canaux dont le canal latéral à la Loire et plus tard le chemin de fer.
En 1690, on peut compter 131 vignerons, dont la moitié sont aussi propriétaires de leurs propres vignes.
Le vignoble Brionnais arrive à son apogée pendant le XIX siècle, avec environ 4.000 hectares cultivés; en 1892 la seule commune de St. Julien de Jonzy comptait bien 150 exploitants, qui occupaient 195 personnes pour y travailler régulièrement. Mais le phylloxéra avait déjà ravagé le vignoble Français et Européen et les coteaux Brionnais ne furent pas épargnés: en quelques années seulement, des centaines d’hectares furent arrachés. La Grande Guerre de 1914 laissait les villages presque sans hommes, et le dur travail de la vigne était impossible à accomplir par les femmes seules et les personnes âgées.
L’élevage alors se développe, la terre riche d’ici est l’idéal pour l’embouche des vaches, et le travail beaucoup plus simple et rentable.
La campagne des années 50 pour l’arrachage des hybrides a mis presque fin à cette belle histoire (si on ne compte pas les peu des parcelles à usage familial).
Jusqu’au moment où, à la fin des années 80, un viticulteur décide de redonner vie et splendeur au vignoble local en réunissant et en replantant plusieurs parcelles sous l’égide d’un domaine bio qui vend même aux États Unis!
Actuellement, le Brionnais compte environ 30 hectares des vignes, mais quelques courageux réplantent de plus en plus de pieds, pour redonner lustre à cette tradition ancienne autant que l’homme, assurant leur amour pour ce bout de paradis avec des gestes écologiques et des pratiques respectueuses.